Mise à jour le Sunday, 08-Feb-2009 21:39:18 CET. 

   La rainette cendrée - Hyla cinerea



Ci-contre un mâle adulte qui vient de chanter, reconnaissable à son sac vocal (encore très légèrement distendu).




Présentation rapide

Les éléments suivants sont indispensables à connaître avant d'en acquérir, pour éviter des déceptions consécutives à un "coup de foudre"...

La rainette cendrée d'Amérique ressemble beaucoup à notre rainette commune. Elle est nocturne, ce qui veut dire que vous la verrez peu bouger en journée sauf lors des distributions de nourriture. Arboricole, elle apprécie particulièrement de pouvoir dormir en hauteur : fournissez lui un terrarium plutôt haut avec des branches et des plantes sur lesquelles ou à l'abri desquelles les grenouilles aimeront s'installer. Elle mesure de 5 à 7 cm et se nourrit de petits animaux vivants : grillons, mouches, asticots, chenilles, teignes... Ce qui ne bouge pas ne les intéresse pas. Vous pourrez maintenir plusieurs individus sans problème, même si quelques rixes sans gravité peuvent se produire entre mâles en période de reproduction... A ce propos, pensez au côté sonore (voyez ci-dessous).

Maintenance

Beaucoup de choses sont possibles. Je me contenterai de vous détailler mon installation qui est sans doute "minimaliste" mais efficace.

peu de temps après son installationLe terrarium (en verre) mesure approximativement 70 cm de large, 60 de profondeur et 70 de haut. Cela semble suffisant pour les trois couples hébergés, mais je pense qu'un peu plus grand serait mieux. Un chauffage n'est pas utile : la température est celle de la pièce, soit 18-20°C l'hiver et jusqu'à 27-30°C l'été. Comme le terrarium contient des plantes, j'ai installé un éclairage qui fournit 10 heures de lumière artificielle par jour, toute l'année. Comme pour la température, les variations saisonnières de lumière se font alors d'elles-mêmes car le terrarium reçoit la lumière du jour de façon abondante. Il y a donc 10 heures de lumière par jour en hiver, et beaucoup plus l'été. Certains préfèrent installer un tube fluorescent qui fournit aussi des UV (dans le bac, donc), mais cela ne semble pas impératif pour ces grenouilles nocturnes. Toutefois, ce ne peut être que plus sûr.

Une séparation en verre collée au fond du bac et dissimulée par des racines permet de réserver environ un tiers de la surface à la partie aquatique (5-6 cm d'eau). Celle-ci contient un peu de sable comme support de bactéries, quelques plantes éparses (mousse de java, hydrocotyle, riccia, cératophylle) pour absorber les nitrates, des escargots mélanoïdes, une souche de bois... et pas de filtration (je vous avais dit que c'était minimaliste !). La partie aquatique vue sur cette photo n'est donc pas finie.

La partie terrestre est constituée d'environ 1 cm d'écorce de pin (supporte bien l'humidité et évite les moisissures), humide en permanence. A l'avenir, j'améliorerai sans doute celle-ci en l'épaissisant, ou bien en y mettant (sous l'écorce) de la terre de bruyère. Ce simple centimètre d'écorce permet tout de même d'accueillir les nombreuses racines des plantes (Schefflera souvent taillé, Helexine, lierre, fougères), quelques vers de terre et des cloportes.

Partie aquatique et humidification de la partie terrestre, sans chauffage, permettent d'atteindre aisément 60 à 80 % d'humidité atmosphérique. Je n'ai aucun problème de moisissures ni de condensation. Au démarrage, j'ai ensemencé les deux parties avec des bactéries nitrifiantes (comme pour les aquariums).

Un gros avantage de ce terrarium : la vitre frontale est inclinée vers l'arrière du bac. Cela n'a l'air de rien, sauf lorsque l'on sait que ces animaux sont arboricoles... et que leurs déjections sont émises depuis les hauteurs. Cette vitre frontale inclinée économise bien des nettoyages...
A propos des déjections, l'alliance des animaux décomposeurs (mélanoïdes, vers, cloportes) et des plantes contribue à maintenir de bonnes conditions sanitaires tout en limitant les interventions.

J'identifie assez facilement les différents animaux grâce aux petites tâches jaunes qui ponctuent plus ou moins leur dos. Leur emplacement est reporté sur des dessins numérotés. Sur cette photo, on les distingue assez bien sur la rainette isolée du milieu (trois petits points jaunes sur l'échine). Constatez au passage la variation de couleur. Selon les conditions ambiantes et l'humeur, la couleur peut aller jusqu'au marron.

Amplexus nocturne (d'où la faible luminosité !)Reproduction... et chant !

Les animaux acquis (au printemps) étaient probablement sub-adultes car ils ont bien grandi ensuite. Rien n'a été fait pour stimuler la reproduction, température et lumière évoluant naturellement comme décrit plus haut.
 
 
 .MP3 
Les premiers chants (nocturnes, bien sûr) ont commencé en décembre, de façon assez rare et discrète, une grenouille à la fois. Nous ne savions pas ce que ça allait devenir...
25 ko
Au fur et à mesure que les semaines passaient, les chants se sont faits à la fois plus forts, plus fréquents.
85 ko
En avril, il y avait concert pratiquement chaque nuit, et parfois en journée. 
230 ko
En mai, les chants atteignent leur apogée pendant la reproduction. Les mâles semblent rivaliser en durée et en intensité de chant. 
Nous fermons toutes les portes pour pouvoir dormir tranquilles... Heureusement, le chant des grenouilles nous ravit néanmoins. 
Le calme est revenu progressivement après la ponte, mais certaines nuits de septembre sont encore "agitées".
170 ko

L'insonorisation de l'appartement est suffisante, grâce à quoi nous ne sommes pas fachés avec les voisins (ou plutôt eux avec nous).
Si vous comptez mettre le terrium dans une pièce, sachez qu'un concert de seulement trois mâles gêne fortement les conversations. Si un téléphone est dans la pièce, il se peut que votre interlocuteur vous demande s'il y a un chien dans l'appartement !

Elevage et développement des têtards

Deux pontes successives ont eu lieu en 2000. Je ne sais pas si les trois femelles ont pondu ou non.

2° ponte / juin 2000La première (une centaine d'oeufs) a eu lieu le 5 mai et fut un échec. Les têtards avaient éclos dans le bac principal et présentaient un curieux gonflement du corps. A la fin du mois, tous étaient morts.

La deuxième ponte (environ 250 oeufs) a eu lieu dans la nuit du 2 au 3 juin, qui fut d'ailleurs particulièrement bruyante. Les oeufs ont été déposés dans l'eau. En petits paquets ou individuellement, ils adhèrent à différents supports (vitres, plantes) ou flottent librement.
Je suspectais la qualité d'eau d'être à l'origine du premier échec et j'ai donc prélevé les oeufs immédiatement pour les mettre dans de l'eau avec du Témérol (désinfectant polyvalent pour aquarium). Lorsque les éclosions sont devenues imminentes, soit à peine une trentaine d'heures plus tard, ils ont été transférés dans un petit aquarium préparé auparavant. Le 5 juin au soir, tous avaient éclos et avaient cette fois très bon aspect.

J'ai constaté qu'il fallait changer au moins 50 % de l'eau pratiquement chaque jour sous peine d'accroître très fortement la mortalité, et ce malgré la présence de sable et l'ensemencement en bactéries "épuratrices". De plus, je soupçonne qu'ils sont également sensibles à l'eau neuve... et je laissais donc vieillir 24 heures l'eau du renouvellement suivant. Si vous pouvez installer un filtre pas trop puissant, c'est certainement un "plus".


Le graphique indique le développement du plus gros têtard. En fin de développement, les autres ont jusqu'à une quinzaine de jours de retard sur celui-ci.
La température variait entre 22 et 28-30°C. En sus de la température, la durée de développement peut être réduite en nourrissant abondamment :  lorsque les têtards sont assez jeunes, il semble qu'un déficit temporaire de nourriture ralentisse simplement leur croissance. C'est ce qui s'est produit lors d'une absence (une à deux semaines). Pour les différentes phases de croissance indiquées sur le graphique (apparition des pattes etc.), je conseille donc de se fier plutôt à la taille qu'au nombre de jours. Il permet néanmoins de donner un ordre de grandeur.

Cliquez sur les imagettes suivantes pour les agrandir :
croissance des pattes arrières.apparition des pattes avant.sortie de l'eau : attention aux évasions.résorbtion de la queue.et voilà !

Des acrobates !



Capables d'adhérer à pratiquement tout support (verre, bois, textiles...), il faut faire attention aux évasions.

J'ai pu enregistrer certains de leurs sauts nocturnes, d'une paroi de verre à l'autre. 12 ko

Rainette et cornemuse

Il est amusant de constater que la cornemuse les stimule : il me suffit d'en jouer quelques minutes pour qu'elles m'accompagnent. Le morceau n'est pas tellement bien joué : je m'occupais plus de l'enregistrement !242 ko
Elles chantent aussi plus facilement les nuits suivant les distributions de nouriture.

Pour en savoir plus

Vous trouverez d'autres informations sur l'excellent site "Batraciens" de C. Cagé.
 
 
 
 
  Page principale
 

Emmanuel N. 

 < site précédent liste des sites membres site suivant >