La trompe de chasse est un instrument de musique, en cuivre et laiton
Elle se distingue par plusieurs points du cor de chasse
utilisé dans des orchestres ou fanfares de régiment:
le son de la trompe est un peu plus grave (en ré) que celui du cor
(en mi) ;
lorsque l'on tient l'instrument, le son de la trompe part derrière,
alors que le son du cor part devant ;
les deux instruments ne s'utilisent pas de la même façon :
les sons de la trompe sont vibrés et puissants ;
au contraire de la trompe, le cor dispose d'un tube coulissant qui permet
de faire varier sa longueur et donc de l'accorder ;
on joue du cor mais on "sonne" de la trompe et on parle de "sonneurs" de
trompe.
Fabrication et détails anatomiques
La
trompe de chasse est en fait un "simple" tube de 4,54 mètres
de long, enroulé sur 3 tours 1/2. Fin au départ,
il s'évase de plus en plus jusqu'au pavillon d'où
sort le son. En réalité, il s'agit de plusieurs tubes emboités
et soudés les uns dans les autres. Sur l'image ci-contre, on peut
distinguer les différents enroulements, ainsi qu'un des deux tenons
(pièce courbe, quelquefois droite, permettant d'améliorer
la solidité du montage).
Le métal est soigneusement étiré et martelé
par le fabricant, car du soin et du savoir-faire de ce dernier dépendent
toutes les qualités de l'instrument.
L'épaisseur du métal varie. Plus il est fin, plus la
trompe est légère, vibrante, claire et facile à sonner
mais plus elle est fragile. On parle ainsi de trompes lourdes, mi-lourdes
ou légères.
Pour
pouvoir sonner, il faut une trompe mais aussi une embouchure. Il
en existe de nombreux modèles, et chacun doit trouver celui qui
est adapté à la forme des lèvres et à la façon
de sonner. Le bord est plus ou moins fin, le
bassin (entonnoir)
plus ou moins évasé, et le grain (partie intérieure
la plus étroite) plus ou moins large... L'embouchure est terminée
par la queue qui lui permet de s'adapter à la trompe.
Ceux qui connaissent les embouchures de cor, voire de trompette, peuvent
constater que le bord de celle-ci est beaucoup plus mince :
il assure une bonne fixité sur les lèvres face aux pressions
importantes développées. Le grain permet de compresser l'air
à son arrivée dans l'instrument.
Parmi tous les modèles existants, on distingue un cas particulier
: les embouchures de basse. Celles-ci facilitent l'émission des
sons très graves avec un bassin et un grain larges. Le ruban me
permet de lier l'embouchure à la trompe et d'éviter de la
perdre.
.
Le son et les notes
Comme pour la trompette ou le cor, le son est émis par les lèvres
que l'on fait vibrer à l'aide de la pression d'air. Par contre,
il n'y a pas de touches : ce sont les lèvres qui font tout
le travail, ainsi que la pression d'air et la langue.
En plus du contrôle de la hauteur des notes, les lèvres assurent
un rôle de "coussin d'air" pour éviter à l'embouchure
de les écraser sur les dents. On pourrait alors penser qu'il faut
appuyer fort pour éviter à l'air de sortir sur les côtés
(aux commissures des lèvres). En réalité, c'est plutôt
une erreur de débutant : appuyer fort finit par diminuer la circulation
sanguine... et les lèvres fatiguent vite. Les sonneurs plus confirmés
appuient peu car les muscles des lèvres sont plus développés
et mieux contrôlés. Rassurez-vous, cela ne modifie pas le
visage !!
La pression doit toujours être très importante (on parle de
colonne
d'air comme en chant) pour assurer à la fois la force du son
et l'émission de notes précises et claires. Pour pouvoir
disposer d'une bonne colonne d'air, les poumons doivent être bien
remplis préalablement (ce qui s'apprend !), et c'est
ensuite le diaphragme qui sert de compresseur.
Si l'on en restait là, les notes émises seraient toutes liées
les unes aux autres, et cela ferait une belle cacophonie ! Il reste un
dernier organe à faire travailler : la langue. C'est elle qui va
aller dans le bassin de l'embouchure pour boucher ou non le passage de
l'air, et ainsi interrompre le son entre chaque note. Cela ressemble à
ce que l'on fait à la flûte à bec. Enfin, selon le
type de coup de langue donné, on pourra émettre des
notes piquées, roulées ou tayautées.
Dernier point technique : toutes les notes sont vibrées (et
non pas chevrotées !). Un bon vibré est généralement
obtenu en faisant varier à la fois la pression d'air et la cavité
buccale (mouvements de machoire et des lèvres). Ainsi, on modifie
à la fois l'amplitude de la vibration (pression) et la fréquence
de celle-ci (hauteur de note). Plus la note est grave, plus le vibré
doit être lent et réciproquement.
Ouf !
Tout ceci est assez physique, mais il ne s'agit surtout pas de souffler
comme une brute : ça ne se sert à rien sauf à dégrader
le son et à se fatiguer plus vite. Une bonne maîtrise de tout
ce qui précède permet de sonner bien, longtemps, et avec
du son : la portée de l'instrument en rase campagne peut atteindre
4
km ! On peut alors appeler ce sonneur "une bonne trompe".
Origine et histoire de la trompe
Il y a quelques siècles, les veneurs (chasseurs à courre)
devaient pouvoir communiquer entre eux à longue distance. On utilisait
alors des cors ou huchets, successeurs des olifants.
Ces instruments n'émettaient qu'une seule note, et les informations
étaient donc codées comme en morse.
En 1680 apparaît la première trompe et sont créés
les premiers airs (qu'on appelle des fanfares).
En 1685, M. Raoux crée une trompe à 1 tour 1/2..
En 1723, le Marquis de Dampierre "choisit" le ton en ré pour
la vénerie, conservé jusqu'à maintenant. C'est la
trompe Dampierre.
En 1729, il fait réaliser une trompe à 2 tours 1/2 appelée
trompe Dauphine, qui reprend ensuite l'appelation Dampierre.
Le grand diamètre de ces trompe permet de les utiliser avec un tricorne,
chapeau bien large. En effet, lorsque la trompe n'est pas utilisée,
on la met en bandoulière en passant la tête et un bras en
son centre.
En 1855, un fabricant de trompe réalise le premier modèle
à 3 tours 1/2, ayant un diamètre de 37 cm. C'est la trompe
d'Orléans.
La trompe d'Orléans est celle qui est la plus utilisée
de nos jours. Comme précisé plus haut, on en trouve des légères
et des lourdes. Elle est peu encombrante et l'on peut facilement
la mettre en bandoulière, même à cheval puisque les
bombes ont remplacé les tricornes !
Il existe aussi une trompe de très petit diamètre, enroulée
sur 8 tours 1/2. Ce sont les chasseurs de lièvre ou lapin qui l'utilisent
car ils sont à pied et cette trompe se porte ainsi facilement à
la main ou dans le dos.
Maintenant, il y a de plus en plus de sonneurs qui apprécient
et utilisent cet instrument de façon totalement indépendante
de la chasse, pour le simple plaisir de sa chaleur, de son éclat,
de sa sensibilité, de son timbre....
Qu'est-ce qu'on sonne avec une trompe ?
Le répertoire de base de la trompe est constitué de fanfares
de chasse (ou de vénerie). Quelles que soient les convictions du
sonneur (chasseur ou non), c'est un préalable considéré
comme indispensable.
Parmi les fanfares de vénerie, on distingue :
les fanfares d'animaux : une fanfare pour le sanglier, une autre pour le
cerf etc.
les fanfares de circonstance : une fanfare lorsque l'animal va à
l'eau, en ressort, est vu, perd les chiens etc.
les fanfares de maître et d'équipage, écrites pour
des personnes ou des groupes.
Et puis existent maintenant de plus en plus de fanfares dites de
fantaisie,
où le style est plus libre et où la trompe peut se faire
accompagner d'autres instruments comme le piano ou l'orgue.
Il existe des milliers de compositions, dont une grande partie n'est
pas (ou pas encore ?) écrite et se transmet par tradition orale.
Les partitions sont utiles pour la transmission des fanfares aux autres
et à la postérité, mais l'on sonne toujours sans elles.
Sonner en groupe
Sonner seul, c'est bien, sonner à plusieurs c'est encore mieux.
Le sonneur solo peut se permettre de donner, parfois de façon improvisée,
plus d'expression dans sa trompe voire modifier le rythme. En groupe, tout
le monde doit sonner exactement de la même façon, ce qui restreint
la liberté individuelle mais donne accès à des fanfares
qui ne peuvent se sonner qu'en groupe.
A plusieurs, on peut sonner à troix voix : le chant (ou
première),
la seconde et la basse. On peut aussi y adjoindre un radoux
pour les fanfares ou parties de fanfares qui se sonnent doucement (quoique
à pleine pression !).
Voici la disposition classique d'un groupe de trompe, vu de dessus
(j'ai schématisé la tête et les épaules). C'est
la formation en V : les sonneurs sont aussi proches
que possible les uns des autres pour former un ensemble homogène,
en veillant à sonner dans la même direction (vers les auditeurs,
ce qui oblige à leur tourner le dos) mais sans gêner l'émission
du son de celui de devant.
Une formation pourrait être composée, par exemple, de 4
premières
(pointe du V), suivi de 3 secondes, 1 radoux, 2 basses (les deux
derniers). Plus le groupe est important, plus il est difficile de
sonner bien ensemble. 10 à 12 sonneurs constituent déjà
un bon ensemble.
Le sonneur qui est en tête (ici en haut à droite) a un
rôle important : il doit en plus battre la mesure avec sa trompe.
Exemple de trio, avec première, seconde et basse.
Exemples de fanfares
Les fichiers sont au format wav mono 8 bits 11 kHz pour réduire
leur taille autant que possible.
fanfare solo : la vue (217 ko)
fanfare de groupe : dans la forêt (intro. - 115 ko)
Liens
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cet instrument :